Fin novembre 2009, Goa.
Face au soleil : lunettes, short, Tongue obligatoire pour lutter respectivement contre la lumière et la chaleur.
Face au lieu : la moto, obligatoire pour lutter contre l‘éloignement des plages ou autres places essentielles à notre épanouissement tels que les restaurants ou les clubs.
Planning journalier habituel.
Matinée : réveil plus que naturel, petit déj à base de Milk-shake et jus pressés, plage à base de sable fin, baignade à base d‘eau à température extérieur, ballade en moto à base du code indien, et puis une bonne bouffe. Après-midi, soirée : shopping, encore plage et baignade, apéro, resto, soirée en night bar à base de petites russes, et de sacrées personnages, au milieu de la nuit couché plus que naturel. La vie !
Un paradis entrecoupé de réalités bien Indiennes.
Journée classique, le soleil battait son plein.
La matinée avait été consacrée à l‘achat d‘un short que je souhaitais customisé aux couleurs de la Team. Cheveux aux vents, sur le scooter, étant donné qu‘aucun casque n‘est fourni avec la location, j‘étais en direction de la guest house afin de poursuivre la journée à la plage avec les gars.
Alors que mon deux roues était lancé, un policier me fait signe de me rabattre sur le coté. Hé MERDE ! D‘éducation irréprochable, merci papa, merci maman, j‘obtempère et me gare. Analyse rapide de la situation. Un véhicule, un 4×4. Deux flics, un qui s‘occupe avec un groupe de trois jeunes, un second qui s‘occupe dorénavant de moi. Je coupe le contact, installe le scoot‘ sur la béquille, il vient à ma rencontre.
Mais que me veut-il ?
« I can look your licence ? »
Ah putain, mon permis, je ne l‘ai pas avec moi. Mais pour conduire un scooter j‘en n‘ai pas besoin. Il m‘explique un truc louche comme quoi il faudrait une autorisation spéciale pour touriste afin de pouvoir conduire un cyclo dans l‘Etat de Goa. Je me souviens que Benjamin avais vu sur un parking des occidentaux évalués à faire des huit en deux roues. Ridicule, ils pouvaient poser le ou les pieds au sol, et mettre le temps qu‘ils souhaitaient.
La discussion change de tournure. Mon agent attitré me demande de le suivre à la voiture. Merde, il monte porte de droite, il veut m‘embarquer, discipliné je me dirige porte de gauche. Je me trouve alors face au volant, c‘est vrai tous est inversé. Il est en réalité assis coté passager. Ouf ! Mais que me veut-il ? Ayant compris mon erreur, je fais le tour afin de reprendre le dialogue à travers la fenêtre. Maintenant que nous avons pris du recul le ton s‘adoucit, une solution se trouve. 1000 roupies, voila ce qu‘il me demande. Hallucinant, cette somme correspond à une quinzaine d‘euro. Le montant est colossal en rapport avec le niveau de vie, à la même période cela représentait cinq nuitées à l‘hôtel pour le groupe. Et grâce à ma connaissance parfaite de la législation indienne il est rarissime qu‘une amende excède plus de deux cent roupies soit grâce à mes notions avancées en mathématique cinq fois moins. Ce qu‘il me demande réellement c‘est un baksheesh. Après les contrôleurs de train, la police. Je ne pense pas qu‘il s‘agisse d‘un bon investissement.
La réparti est trouvée, je ne comprends pas ce qu‘il me demande, étant donné mon médiocre anglais et la réputation international des français dans ce domaine, mon interlocuteur est tout embêté avec sa subtilité. Afin de surenchérir dans ma stupidité, je lui dis que malgré mon incompréhension je suis prêt à passer l‘examen, et lui demande où il est possible de le faire. Il me répète sa requête à mille roupies. Je m‘excuse à nouveau de ne pas saisir ce qu‘il souhaite mais lui confirme ma disponibilité pour les tests de son choix. Le comble, il m‘explique que mon ignorance ne s‘arrête pas aux langues étrangères mais aussi à la législation étrangère, car selon lui, la licence en question qu‘il manque à mon palmarès, qui rappelons le n‘est valable qu‘à Goa, ne se passe pas à Goa mais bien chez moi, en France, et donc par conséquent je ne pourrai l‘obtenir ici. Et donc il me répète sa requête à mille roupies. Je ne tiens plus, et lui affirme qu‘il se fourvoie complètement, et si c‘était le cas ça se saurait. Il insiste:
« If you pay, you can go.
- I can go »
Le débile jusqu‘au bout, me dirige vers le scooter, personne me rappelle, c‘est bon je m‘en vais.
Malgré tout, le quotidien paradisiaque reprend son cours : resto, plage, apéro, soirée.
West end, le plus gros club de Transe Hard Tech à Goa. Goa, reconnu internationalement pour sa folie dans ce style. Nous somme trois, Benjamin, Tommy un Montpelliérain, et moi-même, le reste de la Team se repose.
3h30, je suis crevé, après avoir bien dansé et bien dormi sur place, je décide à rentrer. Difficile de tenir le rythme tous les soirs, je réserve la fin de mon énergie pour le retour car le club est à environ 25 kilomètres de la guest house. Benj me file les clefs de sa moto, il rentrera avec notre nouvel ami.
Le retour débute bien, de belles portions en ligne droite, de nuit personne sur route, dans ma tête mon ange gardien prévient le danger, car cette dernière n‘est toujours pas casquée et j‘ai en mémoire la buche de nuit lors du trip moto avec Valou, à cause d‘un chien kamikaze. Ma seule inquiétude est mon sens de l‘orientation. On est déjà passé par là ? Cette affiche je l‘ai déjà vu ? Afin de me rassuré je confirme mon chemin aux près des locaux.
J‘arrive à Anjuna, ville où j‘ai fais mon shopping ce matin, cool je ne suis plus très loin. Dans le sombre, tout se ressemble, pas de panneau, il serait bon que je demande. Parfait au rond point d‘après il y a un véhicule de police, pas rancunier, ils pourront m‘aider. Je m‘arrête près d‘eux, un d‘eux se retourne, putain c‘est lui.
« You remember, your licence. »
Comment aurai je pus oublier. Mais il ne dort jamais.
« If you want go, it‘s 2000 roupies »
Normal tarif de nuit. Il est tard, j‘en ai marre de jouer au con. Je lui réponds que c‘est dix fois trop cher, et que de toute façon je n‘ai pas d‘argent sur moi. Ce qui est vrai car j‘ai donné l‘intégralité de ce qui me restait à Benj pour qu‘il puisse finir la soirée sans trembler.
Il essaye de retirer les clefs, je l‘en empêche. Il me demande de me garer sur le côté. J‘obtempère, met le contact, passe la première, puis … la seconde et la troisième en forçant sur les rapports. Désolé papa, désolé maman, voilà mon premier et j‘espère mon dernier délit de fuite.
Toujours perdu, je ralentis proche d‘un indien, me retourne, une voiture, est ce que c‘est eux ? J‘en sais rien, de nuit je ne vois que les feux, la seule chose que je sais c‘est aussi un 4×4 et qu‘à l‘heure qu‘il est les véhicules sont plutôt rares. Mon moteur vrombit, je me dirige à droite, ils suivent, vite des ruelles. OK je suis tranquille mais toujours paumé.
Je tourne en rond dans les allées de Baga et d‘Anjuna Beach. Un quart d‘heure, voilà le temps qu‘il me faudra pour me rendre à l‘évidence, malgré mes multiples tentatives, je serai dans l‘obligation de repasser par ce fameux rond point central.
Quand il faut y aller...
Je démarre en wheeling, claque les vitesses, devant le flic, je pose la bécane roue avant, se qui me permet de l‘assommer avec ma roue arrière, récupère son arme, tire trois salves dans le réservoir du 4×4, durant son explosion j‘en profite pour m‘enfuir discrètement.
Bon, si seulement, revenons à la réalité. Quand il faut y aller, faut y aller.
Ok, je choisis la première à gauche comme ça je n‘aurai pas à faire le tour du rond point. J‘accélère, j‘essaye d‘arriver malgré tout le plus discrètement possible, je me concentre sur le virage, je passe… aucune réaction, parfait.
Les magasins de ce matin. Je sais enfin où je suis, plus que dix kilomètres. Enfin j‘y suis, je me couche, je n‘arrive pas à m‘endormir.
La pensée commune s‘accorde à croire que demander sa route à une personne qui la connaît ne permet pas d‘accéder à l‘aventure.
Je réfute.
L‘aventure est uniquement une histoire d‘ingrédient.
Les recettes Indiennes sont toujours une réussite.
Hervé